L’Observatoire, inspiré de l’expérience immersive de l’artiste au sein du laboratoire PELAGIS, nous emmène à la rencontre de l’extraordinaire diversité des oiseaux, des mammifères marins et des autres mégafaunes évoluant au large de la côte atlantique.
D’APRES la rencontre entre l'illustratrice Junie Briffaz et l’ingénieure de recherche Sophie Laran et l’équipe de l’unité d’appui à la recherche PELAGIS (La Rochelle Université, CNRS).
PELAGIS - UAR 3462 (La Rochelle Université, CNRS)
« L'idée de l’œuvre L’Observatoire est née avant la rencontre avec les chercheurs. En me renseignant sur les activités du laboratoire, j'ai fait plusieurs propositions. Cependant, suite à ma résidence à au laboratoire PELAGIS, une de mes propositions a évolué. Cette résidence m'a permis de me rendre compte de la réalité des actions menées par le laboratoire. Des activités très diverses et qui demandent des compétences très différentes. J'ai eu envie de retranscrire ces différentes facettes puisque PELAGIS ne peut pas être réduit à une seule activité à mon sens. J'ai ressenti le besoin de raconter ce que j'avais vu et vécu.
J'ai adoré la rencontre avec les chercheurs, je n'ai pas souvent l'occasion de rencontrer des univers aussi différents du mien. Et je suis très reconnaissante à l'équipe du NANOmusée ainsi qu'à mon métier de me permettre de découvrir le monde de la recherche et celui de l'université. Je trouve ça toujours très intéressant d'élargir ses horizons et de se nourrir ailleurs.
J'ai fait un rapprochement entre le métier de chercheur et le mien, dans le sens d'un investissement total dans son travail, et celui d'essayer des choses qui n'aboutiront pas ou qui n'auront pas forcément de finalité concrète. Par contre c'est vrai que j'ai été surprise par la dimension humaine et vitale pour la mégafaune marine. Surtout pour la partie intervention et échouage ».
L’observatoire PELAGIS a pour mission le suivi des populations de mammifères marins, d’oiseaux de mer et autres espèces marines de grande taille (la méga faune marine). Les connaissances développées par PELAGIS sur ces différentes espèces place l’observatoire au cœur des enjeux de conservation et de protection de la biodiversité marine. De plus, l’observatoire s’occupe d’étudier la mortalité des mammifères marins à travers la coordination du Réseau National Echouages (RNE).
Les campagnes de suivi de la méga faune marine menées par PELAGIS se font de deux manières. La première méthode consiste à mener des observations depuis les airs à l’aide de petits avions. Ces derniers disposent de hublots qui permettent aux membres de l’équipe d’observer la surface de l’eau. Dès qu’ils repèrent un animal, un bateau ou un déchet, ils le signalent aux autres membres qui disposent d’un ordinateur et qui enregistrent chaque observation afin de pouvoir les rentrer dans une base de données de retour dans les bureaux.
PELAGIS mène aussi des campagnes d’observation en mer grâce à une collaboration avec l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER). Cela permet d’embarquer des observateurs sur les bateaux de la Flotte océanique française à l’occasion de différentes campagnes dans le golfe de Gascogne, la Manche ou encore en Méditerranée.
Il faut noter que l’avion dispose de certains avantages sur les campagnes en bateau. Les missions de survol permettent de couvrir une plus large zone en moins de temps. De plus, l’avion peut se déplacer facilement vers des zones où la météo est plus convenable pour mener les observations.
Les activités de l’observatoire PELAGIS rencontrent à différents niveaux les enjeux de conservation et de protection des oiseaux et mammifères marins. D’abord, les observations permettent de connaitre l’état des populations pour lesquelles les Etats se sont engagés dans des programmes de protection et de conservation. Deuxièmement, certaines campagnes PELAGIS sont réalisées dans des zones où les activités humaines sont multiples et exercent des pressions sur la méga faune marine. C’est notamment le cas du Parc naturel marin Estuaire de la Gironde et de lamer des Pertuis pour lequel PELAGIS a mené des missions de survol. Cette zone a en plus le statut d’aire marine protégée et pourrait faire l’objet de réglementations en matière de protection de la biodiversité. La connaissance du milieu marin et de l’impact des activités humaines revêt donc un intérêt particulier.
Finalement, la connaissance des populations d’animaux marins permet de comprendre l’ampleur des crises lorsqu’elles surviennent. C’est par exemple actuellement le cas avec les échouages massifs de dauphins communs sur les côtes atlantiques. Connaitre le nombre d’individus vivants permet de se rendre compte de l’impact des mortalités hivernales qui sont enregistrées sur les côtes.
L’observatoire PELAGIS est également le coordinateur du Réseau National des Echouages. A ce titre les équipes du laboratoire reçoivent les signalements de leurs correspondants dans les régions littorales ou des promeneurs qui trouvent un cadavre. Cela permet d’une part de recenser les échouages en fonction des zones et des espèces. Puis, les équipes procèdent à un examen des animaux afin de récolter des informations sur leur état de santé et de leur environnement. Ce réseau, vieux de plus de 50ans et basé en partie sur le concept de science participative, constitue la principale source des connaissances sur les mammifères marins en France.
De plus, les autopsies permettent de déterminer les causes de décès des mammifères. Dans le cas des échouages de dauphins qui ont eu lieu dernièrement, il s’avère que la majorité des individus sont morts suite à des blessures causés par des engins de pêche.